Peinture murale à Besançon (Doubs)

La deuxième édition du festival Bien Urbain à Besançon, qui s'est déroulée du 6 septembre au 6 octobre 2012, a permis à une dizaine d'artistes internationaux d'intervenir à grande échelle dans l'espace public de la ville: peintures murales, installations, parcours, etc. Invité à participer, je me suis lancé dans la concrétisation d' un projet qui me trotte dans la tête depuis un petit moment: peindre des façades entières à la manière des anciennes publicités murales et enseignes de magasin. L'idée étant de réaliser à la main des slogans et d'utiliser les codes publicitaires afin de mettre en avant les qualités visuelles de ce type de peinture, tout en occultant la portée commerçante, mercantile. Je n'ai rien à vendre, tout à partager. Je souhaite rendre hommage à un métier presque disparu, remettre au goût du jour l'attrait pour le fait-main, l'artisanal, en particulier la lettre peinte. Le nombre impressionnant de retours positifs des habitants dans le quartier Battant me dit que le pari est réussi. Je ne n'imaginais vraiment pas que l'attrait du public pour de la typographie pure puisse être aussi grand et toucher autant de générations...

Même si dans mes graffiti j'ai toujours beaucoup travaillé les images et les personnages, la lettre a toujours eu ma préférence, notamment à travers le tag, pur et simple. C'est juste du ressenti, au-delà de toute intellectualisation et de l'importance de la place de la lettre dans l'histoire du graffiti. Les lettrages sauvages et géants, les noms disséminés de manière simple et lisible aux quatre coins des villes me procurent toujours des émotions plus fortes que les fresques colorées et bariolées. Bien que j'aime ça aussi, ce n'est juste pas le même point de vue, le même but, le même recul nécessaire. De plus les lettres ont cette plus grande faculté d'"indépendance" vis à vis de leurs auteurs, l'artiste s'efface d'avantage derrière elles que derrière des personnages, des objets ou des scènes. Je trouve ça beau. C'est donc par le biais du graffiti sauvage et qui emprunte aux codes publicitaires, qu'au fil des années je me suis intéressé aux anciennes peintures murales, réclames et lettrages en tous genres.

J'ai trouvé à Besançon le mur idéal pour la première réalisation de ce vaste projet, une façade de deux étages avec plusieurs fenêtres, entre lesquelles les lignes de lettrages viennent s'encastrer parfaitement. Seul "bémol", le gros relief crépi du mur...ayant la volonté de tout réaliser au pinceau, avec une finition très propre, il m'a fallut une semaine pour terminer la façade.
Voici donc quelques images de la (superbe) ville de Besançon, et de la peinture réalisée durant la semaine passée là-bas:









La façade:


(photographie David Demougeot)






 (Les quatre dernières photographies sont de Elisa Murcia Artengo )

Merci à toute l'équipe de Bien Urbain, aux habitants de la rue qui m'ont accueilli aux heures d'apéro, et aux nombreux Bisontins du quartier Battant et d'ailleurs qui se sont arrêtés et ont échangé avec chaleur et simplicité! Un merci tout particulier à Mr Blondeau.


10 commentaires:

  1. Crazy french style Jiem! d-)

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  2. ca c'est très bon! je kif vraiment bcp!
    faut absolument faire ça sur Lille.
    E'77

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  3. Merci, yep Pour Lille tu m'étonnes ça serait génial...mais ça va être une autre paire de manches d'organiser quelque chose ici...à suivre.

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  4. Belle entreprise! Je pense que dans ta volonté de "rendre hommage" à ce type de peinture, l'image seule de ce pinceau géant sur cette immense façade était suffisante. Cela aurait été à mon avis plus fort que ce lettrage, réussi, mais qui n'apporte pas grand chose à mon sens. Ce genre d'initiative fait du bien.

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    1. Merci de ton commentaire!
      En même temps, rendre hommage aux peintres en lettres sans peindre de lettres...? :)
      Et la façade était pour moi parfaitement adaptée à des lignes de typos avec toutes ces fenêtres, plutôt qu'à une grande image centrale...on n'a pas affaire à un pignon aveugle.

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  5. Représenter l'outil c'est aussi rendre hommage au savoir-faire, à un métier, au geste.
    D'ailleurs comment on appréhende ce type de mur? t'as causé un peu avec des pro avant? des p'tites astuces techniques concernant la géométrie du tracé par exemple...

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  6. C'est sûr, mais là je ne cherche pas à faire dans le symbole, la métaphore, je souhaite juste reprendre la technique, le métier en lui-même. Sans détours. Que ce soit considéré comme de l'art, ou de l'artisanat, je m'en fous.
    Pour appréhender le mur, ben le plus difficile c'était la surface en elle-même, un gros crépi bien relou, j'ai hésité à me lancer là-dedans juste pour ça mais bon, c'était juste une question de patience et de motivation :)
    Pour tout ce qui est géométrie, composition, espacements, etc, même si ça en n'a pas l'air, c'est à l'arrache. Et c'est volontaire. J'ai juste tracé des lignes horizontales avec un niveau (on le voit sur la première photo de la façade), le reste c'est tout à main levée. Les espacements entre les lettres sont faits au jugé, ou alors avec de vagues repères pris avec la longueur des pinceaux. J'ai pas envie que ce soit trop "clean", j'ai pas envie que tout soit prévu d'avance et d'avoir aucune surprise sur le rendu final. Et d'ailleurs le début du mot "peinture", j'ai dû le faire deux fois car les lettres n'étaient pas assez serrées! C'était chiant, j'ai perdu du temps, mais en même temps c'est en faisant comme ça que j'apprends le mieux à appréhender l'espace...ça me fait prendre de bonnes habitudes, sans repères, sans croquis général, rien. En fait l'idée c'est un peu d'appréhender ce genre de mur comme sur un graff...c'est périlleux, le risque est de tout foirer, mais c'est beaucoup plus excitant.

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  7. Propre, équilibré, stylé, magnifique!
    Dam's

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